Arz en effet signifie "ours", on ne voit pas bien pourquoi. A moins qu'il ne s'agisse d'un clin d'œil mythologique au roi Arthur (Arzur en breton) dont le souvenir est si présent en Bretagne. Il se pourrait aussi que cela vienne de sa devise "Arzao hag arzam !" (Debout et tenons !). Et on comprend qu'il faille du courage et de la solidarité pour tenir sur une île. Bien que celle-ci, au cœur du golfe du Morbihan, protégée des grosses tempêtes, présente une insularité modérée et des charmes plus chatoyants que les îles du Ponant, offertes aux rigueurs océanes. Climat plutôt ensoleillé, températures douces, flore et faune spécifiques...
On la surnomme aussi l'île des capitaines, en raison du nombre de commandants de la marine nationale ou marchande qu'elle a fournis aux XVIIIe et XIXe siècles. Mais elle a aussi une tradition agricole entretenue par les femmes, les gardiennes de l'île, ainsi que par les nouveaux jeunes Ildarais qui ont réintroduit la vache pie noire et font tout un fromage de leur lait. Une île à l'architecture typique du Morbihan, aux salines et marais dépaysant et aux criques adorables. Moins envahie que l'île aux Moines, de surcroit, sa grande voisine du golfe.
Une île qui a su tirer parti de ses énergies naturelles. Moulins à vent et à marée ont longtemps permis aux habitants de moudre leur blé et de vivre en autarcie. Le sol assez pauvre cependant ne permettait pas à toute la population de vivre de la terre. Si les moulins ont perdu leurs ailes, le moulin à marée du Berno est le seul moulin à marée en état de marche, avec celui de Bréhat.
Alors il y avait la pêche pratiquée jadis sur des bateaux à fond plat, pour s'adapter à la topographie du golfe, qui se vide d'un tiers à chaque marée (ou plus par forts coefficients). De nouvelles versions sont aujourd'hui utilisées pour la plaisance.
L'autre source de revenus c'est bien sûr les parcs à huîtres, très nombreux autour d'Arz, et qu'on peut déguster, fraîches, un peu partout.
Les maisons sont typiques de l'architecture insulaire du golfe du Morbihan, et souvent très fleuries
Sur la presqu'île de Bilhervé, les anciens marais salants (les Salines) sont retournés à la nature : aigrettes, courlis, hérons ibis sacrés... y trouvent une nourriture abondante. Et même les chevaux y trouvent pâture.
C'est la fin de l'impôt sur le sel (la gabelle) qui a sonné le glas de ces marais salants. L'ostréiculture a pris le relais.
De même que la culture des algues. Ici on voit l'ancien entrepôt de la compagnie du varech. On utilisait le varech pour la fabrication des banquettes de trains. Les femmes y travaillaient et les curés d'alors voyaient d'un mauvais œil ces femmes gagner en autonomie. C'est aujourd'hui une propriété privée, donnant sur la plage de Rudevent.
A propos de plages, vastes rubans de sable ou petites criques charmantes, Arz est très bien dotée. C'est de plus un paradis pour la voile. Les Glénans y ont installé une base nautique; vu leur notoriété en la matière, c'est un indice irréfutable.
Sur l'une des criques, la plage de Fontaine Varia, proche du bourg, on peut admirer cette jolie fontaine dédiée à la Vierge
Au bourg justement, l'église Notre-Dame a dépassé les 1000 ans ! L'orgue récemment restauré est d'une qualité exceptionnelle.
L'île est peuplée comme tout le golfe depuis des millénaire. En témoignent à Pen Lious les restes de ce dolmen à couloir et d'un enclos circulaire.